4ème Flashback - Deepika : Si les symptômes persistent - Terminé

Ils débouchèrent enfin sur une dernière salle, moins naturelle cette fois que la première. On y voyait bien la forme naturellement creuse d'un flanc de colline, mais cette cavité a été agrandie par des mains humaines. Yoann recouvrit de pierres et de mousses la voie par laquelle ils venaient d'arriver, et on n'y voyait que du feu. Il était impensable que cette petite grotte semi-naturelle puisse être le point d'une entrée secrète vers le duché de Sankt Antha.
Le mur faisant face à l'ouverture ainsi que le toit de la grotte étaient faits de pierres grossièrement taillées. Il ne faisait aucun doute qu'ils se trouvaient dans l'un des piliers de la traverse. Mais l'escalade n'était pas encore terminée.
Ils se faufilèrent à travers une énième minuscule ouverture, à peine suffisamment grande pour leur permettre le passage et se trouvèrent à présent suspendus sur un petit promontoire décoratif du pilier. Le cœur de Deepika lui battait dans les oreilles à la vue de l'écryme à peine un petit mètre sous ses pieds. De plus, le soleil déclinait lentement au loin et les premières gouttes d'humidité nocturne venaient caresser le marchepied de fortune des aventuriers. Un pas de travers, et c'était le bain acide assuré.
Ils concentrèrent leurs dernières forces pour contourner l'édifice qu'ils tenaient dans leurs bras engourdis. Ils purent finalement s'agripper aux marches du passage de maintenance du pilier. Ils les gravirent tant bien que mal avant d'échouer, sains et saufs, sur la traverse elle-même, entre les bâtisses de fortune que quelques démunis eurent construit afin de s'assurer un semblant de foyer.
La misère était omniprésente et raisonnait chez Deepika avec les dernières paroles de Yoann.

Arrivées en surface, à la lumière toute relative du jour, Deepika n'aurait pu certifier qu'ils s'en étaient sortis sains et saufs. Elle était sale et épuisée, tout comme les quelques personnes qui se retrouvaient ici.
Elle oublia de demander à Yoann si elle pourrait, un jour, emprunter ce passage à nouveau. Elle était trop contente d'avoir mis autant de distance entre Sankt Antha et eux.

"Qu'allons nous faire maintenant ?" souffla-t-elle. "Je n'ai plus d'affaires... Je ne peux pas vous payer comptant une chambre ou un repas, mais je vous dois bien cela. Je peux rendre beaucoup de services. Si vous connaissez un endroit où nous pouvons aller, je me chargerai de régler la note."

Inspirant faiblement, elle reprit avec entêtement.

" Et j'irai ensuite prévenir qui de droit pour ce qu'il se passe à Sankt Antha. Ne serait-ce que pour ces fils sous terre..."

Yoann s'éloigna de quelques pas de Deepika, se tourna vers elle et écarta les bras, semblant lui présenter les quelques décombres "La voilà, votre arenthèle, Deepika. La toile qui protège les siens..." Le petit homme abaissa à nouveau les bras et s'approcha à nouveau lentement de l'arpenthe "Vous ne me devez rien, Deepika, tout comme vous ne devez rien à ces personnes ni aux habitants de Sankt Antha. Dites à qui vous voulez ce que vous venez de vivre et vous verrez que vous resterez seule. Dans ce monde, c'est chacun pour sa peau. Celui qui s'arrête pour les autres finit invariablement dans l'écryme. La voilà, la réalité que nous vivons. Vous devriez vous y faire."
Yoann fit une pause après son discours cynique, laissant à la jeune femme à peine le temps de digérer ce qu'il venait de dire. Il reprit "Nos chemins se séparent, à présent. Continuez dans cette direction, vous arriverez à Méthalume. À partir de là, ce sera à nouveau à vous de vous débrouiller." Il commenca à peine à prendre une autre direction qu'il rebroussa chemin "Ah, encore une chose Deepika, je vous déconseille de mentionner mon nom à Méthalume. Personne ne le connaîtra en dehors de la ville et ceux qui le connaissent ne sont pas des plus fréquentables."
Il disparut finalement au détour d'une ruine et Deepika ne put le retrouver. Il semblait connaître plus d'un chemin dérobé.

Deepika se consolait difficilement, encore sous le choc de sa nuit courte et pénible. Les caresses timides de la brise n'arrivaient pas à décoller ce sentiment incrusté de solitude.
Elle l'avait regardé reprendre sa propre route. Elle avait même fixé l'endroit où le dernier point visible de Yoann s'était effacé. Mais il n'était pas revenu.
Il l'avait juste aidée, anonymement, pendant quelques heures. Ils avaient vu d'horribles cablages sous Sankt Antha, mais cela n'avait du être qu'un rêve sans humour.

Sale, vêtue de ses oripeaux, sans plus aucun bagage, elle avançait vers Methalume. Ses yeux pleuraient sur son visage calme, pour évacuer le stress et oublier celui qu'elle avait vu comme un ami.
Il était urgent de se réapproprier sa mission, urgent de retrouver un regard dénué de jugement pour redevenir la croyante qu'elle était.
Ou à défaut, découvrir la croyante qu'elle est devenue.