5ème Flashback - Anya : Il n'est de bonne compagnie qui ne se quitte - Terminé

Avait-elle deviné juste ? Aimé semblait en tout cas devenir frénétique en comprenant ce que cherchait à accomplir Anya. Un sourire sardonique déchira le masque neutre qu'affichait généralement la jeune femme tandis qu'apparaissait dans son champ de vision Yunus, à distance très respectable. Derrière elle, Alicia, l'autre âme damnée de celui qu'elle avait considéré comme un mentor, sensiblement à la même distance. Qu'importe ! Elle allait de l'avant et, à moins qu'Alicia ne la rattrape soudainement, elle atteindrait le médecin bien avant.

"Allez, Aimé, chuchota-t-elle, réglons ça une bonne fois pour toute."

Après quelques moulinets de sa rapière, Anya s'élança en avant, prête à fondre sur son ennemi dont elle pensait ne rien avoir à craindre : après tout, elle avait été formé à l'escrime et savait se battre. Qui plus est, elle ne serait pas prise en traître, sauf par les proportions du couloir, mais elle commençait à y être habituée désormais. Sans un regard en arrière, mais attentive au moindre son, elle s'apprêta à affronter le premier des sbires de celui qui avait perpétré elle ne savait quelles expériences sur elle.

Jets:

Anya se sentait enfin un minimum en terrain connu. Elle s'approcha de Yunus, prête à l'attaquer, et se débarrassa rapidement de lui. Alicia était à ses trousses, mais elle n'était qu'une autre cible facile pour la duelliste.
Tous deux avaient les yeux bleu-acier d'Aimé qui reprirent leurs teintes naturelles au moment où Anya les transperça de sa rapière. Les deux fois, elle pu entendre le vieil homme hurler à la mort, tant depuis la porte de sa chambre que dans la maison toute entière.

Anya pu finalement s'approcher de la porte de la chambre de Murdzek. Les faibles lumières vacillaient et clignotaient de manière irréelle. La porte mit du temps à s'ouvrir, comme si elle refusait d'une volonté propre. Lorsqu'elle céda enfin sous un lourd grincement métallique, Anya pu se faufiler dans la chambre. Elle n'en revenait pas.
La chambre d'Aimé était impossiblement immense. Elle n'en voyait presque pas les murs. Chacun d'eux devait faire plusieurs centaines de mètres. Tout était blanc et éblouissant. Il n'y avait pas la moindre décoration ni la moindre fenêtre, même la porte qu'elle venait d'emprunter avait disparu. Le plafond était soit très haut, soit il se fondait dans le blanc immaculé du reste de la pièce. Il était impossible de voir la moindre arrête, où que ce soit.
Tout ce qu'Anya put voir était Aimé dans son lit, au centre de la pièce. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle savait que c'était le centre. Il semblait si loin et pourtant étrangement proche. Il semblait trembler frénétiquement. Des sons s'échappaient de sa bouche, imperceptibles. Il geignait, comme un petit enfant. Il semblait pleurer, implorer quelqu'un, probablement sa mère.

Pouvait-il y avoir combat plus inégal ? Aimé avait formé Anya, l'avait modelé même, mais certainement pas en prévision de ce jour. Elle s'était élancée sur Yunus en silence, attentive à ses moindres réactions. Elle réalisa rapidement qu'en plus d'être un amateur, il ne songeait même pas à défendre a propre vie. Comment avait-il pu tomber si bas ? Elle n'en aurait sans doute jamais la réponse alors qu'en un éclair elle effectuait un pas de côté pour esquiver le couteau du médecin avant de lui enfoncer sa rapière dans la gorge. Le regard qu'il lui lança à cet instant, mélange d'étonnement et d'autre chose que la jeune femme ne parvint pas à identifier s'éteignit rapidement alors qu'il s'effondrait en silence à ses pieds. Pas le temps de penser à autre chose que déjà Alicia arrivait et l'avocate-duelliste comprit aussitôt que cet affrontement serait également à sens unique. Elle bloqua la main directrice de cette adversaire trop dérangée pour comprendre qu'il lui fallait se défendre et perça son cœur en passant sous les côtes de la jeune femme, Anya ne tenait pas à bloquer sa lame dans les os de la cage thoracique de celle qui tombait à son tour, inanimée, le regard éteint. Réprimant un frisson de dégoût, Anya se retourna et franchit d'un pas rapide la porte de la chambre d'Aimé.

C'était un autre monde. Blanc, immaculé. Était-ce un reflet de la perception déconnectée d'Aimé ? Les proportions de la chambre étaient cyclopéennes, au point que le manoir et ses dépendances aurait pu tenir dedans tout entier. Les seules tâches de couleur provenait du sang qui gouttait de la rapière, d'un beau vermillon qui tranchait avec la pureté qui se dégageait de la chambre. Aimé se voyait-il réellement comme une personne au dessus de tout, un genre de saint, ou même de dieu ? Son égocentrisme se trouvait-il ainsi révélé dans toute son infinie suffisance ? Le dégoût que ressentait Anya se trouvait renforcé par cette mise en scène ubuesque et ne souhaitait désormais plus qu'une seule chose, en finir une fois pour toute.

"Il est un peu tard pour trembler, lança Anya d'une voix forte tout en se dirigeant vers son bourreau. Si vous ne vouliez pas souffrir aujourd'hui, il aurait mieux valu me laisser quitter cet endroit."

Tout en avançant, un sentiment de pitié se mêla à la sourde colère qui raisonnait dans son cœur. Elle savait pourquoi : malgré tout ce qu'il lui avait fait, une part d'elle-même était toujours attaché à cet homme, un sentiment d'attachement d'autant plus fort qu'elle était venue pour en finir, pour ne plus jamais en souffrir.

"Je ne sais pas si je suis la seule, quoique je ne le pense pas. Mais si d'autres avant moi sont toujours prisonniers de vos semblables, alors je les chercherai pour les libérer, dussé-je y passer ma vie, et j'éliminerai les tyrans qui, comme vous, pensent avoir le droit de vie ou de mort sur eux."

Quelque chose venait de changer en elle, elle le sentit. Sa voix, glaciale au possible, lui sembla celle d'une autre alors que sa résolution s'affirmait. Elle attrapa machinalement un mouchoir qu'elle passa sur le fil de sa rapière pour en essuyer le sang, comme un rituel pour la préparer au sacrifice final.

"C'est vous qui avez fait de moi ce que je suis, il est donc normal qu'à la fin, vous admiriez votre œuvre. Je me demande juste si tout cela en valait la peine." Elle avançait toujours, inexorablement, comme un désastre, une catastrophe que l'on ne pouvait que subir en espérant y survivre du mieux possible. Son regard était d'acier alors qu'elle reprenait d'une voix douce et effrayante : "Alors, Aimé, votre mort en valait-elle la peine ?"

Le vieil homme bougeait et tremblait sans arrêt en geignant dans son lit. Il était moite de sueur et ses yeux roulaient à toute allure sous ses paupières. Il était en proie à un horrible cauchemar.
Anya n'attendit pas plus longtemps et laissa sa rapière prononcer le jugement. Le regard rivé sur la vie qui quittait son patron enfin apaisé, l'avocate-duelliste fut rattrapée par la réalité. Tout à coup elle se rendit compte que la chambre était à nouveau normale. Le lit, le mobilier, la fenêtre... Tout avait retrouvé son aspect habituel. Elle put même voir que le jour se levait à l'extérieur. Elle sentit soudainement le poids de la nuit, de ce cauchemar, qui pesait lourdement sur ses épaules. Elle se sentait exténuée.
Mais le poids le plus lourd se fit ressentir lorsqu'elle se rendit compte de ce qu'elle venait d'accomplir. Elle s'était jurée ne jamais être qu'une autre arme mais, au final, n'était-ce pas justement ce qu'elle était ? Ne vient-elle pas justement de faire exactement cela ? Elle a mené à bien ce qu'elle a été formée. Non. Pire ! Elle a été formée pour défendre la justice, les combats à morts étaient extrêmement rares, presque inexistants, mais elle vient d'exécuter un jugement sans procès. Elle avait même ôté la vie à deux innocents.
La réalisation de cette triste réalité précipita Anya au plus bas de son moral. Elle avait échoué.
Elle devait partir de là.

Alors que le tissu de la réalité se régénérait, le sourire satisfait d'Anya se mua en une grimace d'horreur. Même si elle était persuadée d'avoir agi de la seule façon possible, voir le corps d'Aimé l'emplit d'un doute qui, ajouté à la nuit terrifiante qu'elle venait de vivre, l'acheva presque. Avait-elle vraiment agi comme il le fallait ? Y avait-il eu une autre solution ? Et Yunus, et Alicia, l'avaient-elles vraiment attaqué ? À moins que ce soit elle qui les ai assassinées*, prise dans cette crise de folie ? Et les autres morts, Felicia, la gouvernante, en était-elle responsable aussi ? Combien de personnes avait-elle réellement tué ? Avait-elle été programmée pour éliminer les gens du manoir ? La multiplication des possibilités lui retournèrent l'esprit et l'estomac et elle vomit le peu qu'il contenait en cette heure matinale. Son esprit lui ordonnait de fuir, mais elle devait avant tout vérifier les corps de tout le monde, vérifier si ce n'était pas son arme qui avait tué la maisonnée.

D'une main tremblante, elle recouvra Aimé avec son drap de lit. Elle récupéra son sac contenant ses affaires et quitta la chambre comme un automate, hébétée et résignée à l'idée d'avoir commis un massacre.

Spoiler:

Durant sa procession funèbre à travers la maison de feu son patron, Anya ne put s'empêcher de repenser aux révélations découvertes à propos de sa consœur Verena et ses périodes de somnambulisme durant lesquelles il lui arrivait de procéder à des meurtres sans qu'elle ne puisse s'en souvenir par la suite. Venait-elle de vivre la même chose ? Verena avait-elle aussi été prisonnière de cauchemars ou de rêves d'Aimé ? Et Félicia et son goût très étrange pour le glauque et le morbide ? Ou étaient-ce là des conséquences des expériences ? Tout n'était que confusion dans l'esprit d'Anya et elle revenait à chaque fois à ses propres actes, ce qu'elle venait de faire. Était-ce par choix ou par obligation ? N'était-elle rien de plus qu'une machine à tuer ?

Anya eu la confirmation qu'outre Aimé, elle avait bien tué Alicia et Yunus. Le reste de la maisonnée avait bien été décimée, mais c'était systématiquement de manière brutale et aveugle. Le terme était étrangement approprié car les yeux avaient été attaqués à chaque fois. Difficile cependant de dire si cela avait causé la mort ou si ces blessures avaient été infligées post mortem.
Anya ne sut dire si ces informations devaient la réconforter ou la troubler encore davantage. Elle ne savait même si ce qu'elle venait de vivre était réel ou non.

La maison avait dans tous les cas retrouvé ses proportions et son aspect habituels. Une fumée épaisse mais lente venait de l'aile où se trouvait la chambre de la jeune duelliste. Si elle y avait bien mis le feu, il était soit éteint, soit se propageait très lentement à cause de la construction faite principalement de pierre et de métal. Il n'y avait finalement que peu de combustible, malgré l’opulence apparente face au commun du peuple.
La maison était silencieuse, à présent. Très silencieuse. Un silence pesant et froid.

Anya enregistrait mentalement tous les détails des meurtres, aussi bien ceux dont elle était certaine d'en être la cause, que les autres, moins "méthodiques". Elle devrait noter tout cela à tête reposée mais pas ici, pas maintenant. Restait un détail : le bureau d'Aimé. S'il contenait réellement tout ce qu'elle avait vu dans ses... souvenirs ? Visions ? Difficile pour elle de savoir comment appeler ce qu'elle avait, mais si tout cela existait bel et bien, il lui fallait emmener ces preuves de l'implication d'Aimé dans une opération de grande ampleur dont elle ne comprenait pas encore toutes les implications. Il lui fallait cependant se hâter car l'on ne tarderait pas à s'interroger sur ce qui se passait au manoir, et elle préférait ne pas être là pour répondre aux questions que ne manqueraient pas de lui poser les enquêteurs. Elle remonta alors aussi vite que le lui permettaient encore ses jambes fatiguées grimpa les escaliers quatre à quatre jusqu'au bureau de son ex-mentor. Elle prit une grande inspiration et ouvrit à la volée la porte.

Le bureau d'Aimé était petit mais bien éclairé, sur la face sud du manoir. Une grande fenêtre donnait sur la cour intérieure et, plus loin, sur une partie de Méthalume et l'étendue d'écryme. La vue était très belle, surtout avec ce soleil levant, bien que l'immensité donna un peu le vertige à la jeune duelliste.
Le bureau était aménagé comme elle l'avait vécu un peu plus tôt. Du moins le mobilier. Bien qu'elle retrouva quelques notes et enregistrements concernant les affaires de Murdzek, l'endroit était dépourvu de tout ce qu'elle avait lu dans son cauchemar. Le plus étrange était que la couche de poussière prouvait que personne n'y était venu depuis très longtemps. Elle savait qu'il s'agissait de la bonne pièce, elle l'avait déjà visitée quelques fois par le passé et une dernière fois cette nuit, pendant ce cauchemar. Mais aucune preuve ne se trouvait là de toutes les révélations qu'elle avait vues. Elle avait beau fouiller, elle ne trouva rien d'autre que des documents comptables.

Anya grinça des dents. L'accumulation de poussière lui indiquait que le bureau n'avait pas été utilisé récemment, encore moins vidé en catastrophe de ce qu'il contenait de plus compromettant. Cela signifiait également qu'il n'avait plus la moindre espèce d'utilité, ni pour Aimé, ni pour elle. Encore moins pour elle, songea amèrement l'avocate. Elle ramassa malgré tout les quelques tablettes qu'elle trouva, sans grand espoir d'y trouver quoi que ce soit d'intéressant malgré tout avant de quitter les lieux.

La fumée qui flottait nonchalamment dans les couloirs rappela à Anya la condition de sa présence ici, ainsi que les conséquences si elle persistait à rester ici. De guerre lasse, et avec un terrible poids sur le cœur, elle prit son sac et se dirigea, une dernière fois, vers la porte d'entrée. Restait encore une question : où aller après cela ?

Le pas aussi lourd que son esprit, le poids sur ses épaules et les cernes sous ses yeux Anya sorti de la maison avec ce qu'elle avait récupéré dans ses affaires. Sa vie tenait-elle réellement dans ce sac ? Sa vie... Elle ne savait même plus si ces mots avaient encore un quelconque sens.
À l'extérieur, alors qu'elle arpentait ce chemin qu'elle prenait régulièrement, elle jeta un œil en arrière vers la bâtisse sans vie. Elle était comme d'habitude et semblait pourtant beaucoup plus menaçante et glauque. Un petit filet de fumée noire s'échappait sur le côté, ou se trouvait la fenêtre de sa chambre. Elle ne savait pas si ce qu'elle venait de vivre était la réalité ou un cauchemar. Plus rien ne semblait tangible. Elle repris sa route, perdue dans ses pensées et le souvenir de cette nuit d'horreur devenait de plus en plus flou. Elle savait qu'elle ne pouvait pas retourner chez Aimé, qu'il était mort, mais ne pouvait pas y croire.
Prise d'angoisse par la multitude des possibilités qui s'offraient à elle, mais engoncée dans une cage incompréhensible qui l'empêchait de réfléchir clairement ou faire un réel choix, tout ce qu'elle pouvait faire pour l'instant était avancer. S'éloigner. De quoi ? Elle ne le savait plus. Du souvenir d'une horreur, d'un cauchemar, du souvenir diffus d'une vie tissée de mensonges.

Au bout de longues minutes perdue dans ses pensées à longer le morceau de traverse qui la ramenait à la ville gigantesque de Méthalume, elle arriva au phare. Elle le connaissait. Elle connaissait aussi Boban, le quinquagénaire sympathique qui y résidait et lui donnait les messages pour son ancien patron. Il appela Anya et s'approcha d'elle, souriant.
"Bonjour Anya, vous me semblez fatiguée, ma pauvre. Je dois déjà vous transmettre les salutations de Samuel Bilefsky, il aurait aimé converser avec vous prochainement, je crois que vous lui plaisez bien, si vous voulez mon avis" lui lança-t-il gaiement avec un clin d’œil.
"J'ai un petit colis pour vous, ou plutôt votre patron, tenez."
L'homme rondouillet à la barbe grisonnante donna à Anya un petit paquet protégé par du papier de mauvaise qualité. Anya remercia mollement le messager et continua sa route sous son regard inquiet.
Elle délia la petite ficelle qui maintenait le tout fermé et laissa tomber le papier à base de champignons à terre. Elle y découvrit une plaque d'argile et un billet pour le Transécryme. Sur la plaque elle lit le message.
Les enfants de la liste sont presque tous réunis. Il n'en manque plus qu'une : Anya Sopiha. Remettez-lui ce billet et j'oublierai alors vos exactions. Vos remords devraient être une punition suffisante à moins que vous ne le rencontriez. Personne, même vous, ne devrait vivre cela.

Anya s'arrêta un instant, n'en croyant pas ses yeux. Que pouvait bien vouloir dire tout cela ? C'était de la folie. Le monde se mit à tourner autour d'elle, le cauchemar semblait continuer. Elle devait partir, rapidement. Mais où ? Elle regarda à nouveau le billet du Transécryme et pris le chemin pour la gare.

Anya esquissa un faible sourire lorsque Boban mentionna Samuel. Jusqu'à présent, elle n'avait su comment lui répondre, mettant cela sur son incapacité à éprouver des émotions. Cependant, jusqu'à cette nuit, elle avait toujours cru que le problème venait d'elle et non d'une manipulation intentionnelle pour... pour quelle raison au juste ? Elle avait beau y réfléchir, ses souvenirs se délitaient, fumerolles soufflées par un vent qu'elle avait bien du mal à imaginer bienveillant. Agressée par des sentiments dont elle avait ignoré l'existence jusqu'à aujourd'hui, elle se saisit du paquet que lui tendait Boban, un "merci" tout juste chuchoté. Un paquet pour Aimé, qu'elle venait de tuer, car c'était la seule chose à faire. Vraiment ? pensa-t-elle immédiatement. Il n'y avait réellement pas d'autres possibilités ? Trop tard pour le supposer, désormais, et Anya ne souhaitait pas remonter le temps pour une nouvelle tentative. Elle avait déjà failli perdre la raison une fois, il n'y avait aucune chance pour qu'elle récidive.

Ce n'est qu'en ouvrant le paquet qu'elle comprit qu'elle avait sans doute fait ce qu'il fallait. Quelqu'un était au courant de ce qu'avait fait Aimé. C'était sans doute la révélation qui lui manquait : ce message faisait très certainement suite au premier reçut le matin précédent et qui plongea Aimé dans la folie, précipitant tout ce désastre. Elle ne pouvait malheureusement deviner s'il s'agissait d'un allié ou d'un ennemi. Dans le doute, mieux valait partir sur la seconde option, le contraire ne pourra être qu'une heureuse surprise. Elle tiquait toutefois sur le contenu du message. Elle était la dernière des enfants. Qui étaient les autres ? Elle s'était fait la promesse de les aider et de les libérer de l'emprise malfaisante de.... de quoi déjà ? Une loge, mais le nom semblait s'ingénier à lui échapper, comme toute cette nuit d'ailleurs. Avait-elle vraiment tué Aimé ? Elle secoua la tête, inutile de se morigéner davantage, les réponses viendront bien assez tôt. Elle regarda enfin le billet du Transécryme avec suspicion. Quelqu'un voulait qu'elle monte à bord. Quelqu'un cherchait, une nouvelle fois, à la manipuler. Quelqu'un pensait qu'elle ne serait qu'un gentil mouton qui obéirait sans rechigner. Ce quelqu'un risquait d'être grandement déçu. Avec un léger rire sardonique, elle se dirigea vers Métalhume, vers la gare du Transécryme, à la rencontre de "quelqu'un".

Le mouton venait de retirer sa pelisse et d'aiguiser griffes et crocs.