3ème Flashback - Radvan : Le manuscrit de Linzi

Ca y était, Cajka rentrait dans le vif du sujet. Le dos calé à sa chaise de métal, Radvan se caressa pensivement l’arrête nasale, son sérieux retrouvé.

- Plus rapide que les concurrents, reprit-il en écho… j’en déduis que tu en appris long. Tu as eu vent de mouvements ? Qui est-ce qui est impliqué, des ennemis à Woodgrave ? Les amoureux éconduits de la loge des Aciers ? Ou bien les métropolites, l’écryme les digère, pour couronner le tout ?

Le Gestionnaire fit un geste de menton en direction de son espion talentueux.

- Tu as déjà surpris des bruits en particuliers sur notre cible ?

Radvan hochait la tête à mesure que son agent égrenait les faits, le regard de plus en plus dur. Il attendit que son agent termine sa synthèse et embraya.

- La loge des aciers absente, grinça-t-il… Ce n’est pas bon, ça. Pas bon du tout. Quand on perd pareil magot, on ne reste pas le bec dans l’encre à se lamenter sur sa perte. On réagit, et vite. Et là, tu m’annonces qu’ils ne sont toujours pas présents… Deux solutions, en vérité. Soit la rouille nous a garanti une chance d’un cocu à son premier jour et ils sont vraiment absents, ce que je ne crois pas un instant. Soit ils sont déjà là, et assez doués pour rester dans les ombres, même pour quelqu’un d'aussi bon que toi.

Le Gestionnaire se tapota le pouce et l’index, pesant les deux options.

- Ou pire, ils sont de mèches avec les métropolites tout aussi absents, avec une longueur d’avance. Oh non, je n’aime pas ça du tout. Je savais la partie serrée, mais ce sera pire que prévu…

Il se redressa, main sur les genoux, faisant craquer sa colonne vertébrale.

- Et donc, reprit-il, si je comprends bien, notre cible se paye le luxe d’une vie désinvolte, alors qu’il est en possession d’une pièce de l’échiquier de Méthalume. L’arrogance est une vertu, pour qui en a les moyens. Ou une folie pour l’idiot. Mais non. Pour la folie, on repassera. Pas là, pas cette fois. Messieurs, je vous l’annonce, nous allons avoir un gros travail pour trouver les taupes, les indics et les cogneurs. La cible doit avoir une armée rangée à ses bottes.

Tout en parlant, Radvan faisait des signes de têtes aux autres membres de son groupe qui écoutaient stoïquement. Comme il l’avait rappelé tout à l’heure, chacun avait sa mission. A eux de prendre note et de se montrer prudents lors de leurs tâches respectives.

Une fois n’était pas coutume, l’exécutant de Bognev savait qu’il pouvait faire confiance à son équipe. Pas besoin de s’étendre d’avantage sur les consignes.

- Cajka, quand tu parles de son comportement quotidien, à quoi fais-tu référence exactement ? Il a un train de vie particulier ? Des tics journaliers, des habitudes ? Je t’en prie, détaille-moi ça, je suis tout ouïe.

"J-Je ne r-relèverai pas l'-l'insulte en d-d-demi-teinte quant à m-mes aptitudes" dit le bègue, un sourire au coin des lèvres. "Eff-ffectivement, n-nous devrons être b-b-bien plus att-ttentifs qu'à acc-outumée. Je ne p-peux pas non p-plus imaginer qu-qu'on puisse nous p-présenter un tel b-butin sur un p-plat en argent. À m-mon avis, cette affaire sent p-p-plus mauvais qu-que des fientes de b-buso.
Pour ce qu-qui est de son train d-de vie, c'est t-très simple. Il sort ch-chaque matin à 9h30, p-peu importe la m-météo. Il fait une m-marche d'environ une heure, t-toujours la même, après quoi il retourne chez l-l-lui. Il ressort à 13h p-pour se rendre aux halles et f-finit sa t-tournée au sémaphore du ph-phare, avant d-de se rendre à nouveau ch-chez lui, aux alentours d-de 18h. Il est constamment accompagné par les t-trois mêmes g-g-gardes du corps. De g-gros bras que je d-déconseillerais fortement d'approcher.
D-De ce qu-que j'ai pu voir en f-fouillant un peu sur son p-p-passage, il a des c-contacts parmi toutes les hautes sociétés. Il est p-probablement connu d-de tous les k-k-konzerns, si je me permets d'extrap-poler un peu, en tout cas nous d-devrions nous y attendre. Je p-pense qu'un affrontement serait un m-même échec pour Bognev que d-de ne pas récupérer le manuscrit. Je p-pense qu'une approche dans l'après-midi, d-durant sa grande tournée, est le p-p-plus judicieux, mais cela impliquerai une action en p-p-plein jour. Mais l-là, de t-toute manière, on d-dépasse mon d-domaine de c-c-compétences."

Radvan se tapotait les doigts, pensif. A chaque détail que le bègue ajoutait, c'était autant d'incohérences qui venaient fragiliser l'édifice déjà branlant de leur mission bancale. Un nouveau mot, un nouvel obstacle. Et Vuk qui leur demandait de faire de la dentelle... on croyait rêver.

Le Gestionnaire décrocha un sourire amer quand Cajka finit sa tirade.

- Les fientes de buso, au moins, elles servent à quelque chose, ricana-t-il. Sans rire, c'est hallucinant. Aberrant, même. Quand on est assis sur une fortune colossale, on ne s'exhibe comme le premier saltimbanque venu.

Il secoua la tête, le regard au plafond.

- Je suis d'accord avec toi, Cajka. Avec ces éléments, l'approche de jour est judicieuse. Mais, sans vouloir te froisser, nous en savons encore trop peu pour arrêter une stratégie. Le premier axe d'approche, ce sera l'information. Pas sur lui, j'entends. Trop évident, trop secret. Autant aller frapper à sa porte, avec les oreilles qu'il doit avoir. Non. Notre cible, c'est son entourage.

Tout en parlant, Radvan commença à manœuvrer les pièces de métal qui se trouvaient sur la table d'acier brut.

- Résumons. La cible a une routine, habite la même demeure, fait le fier avec trois molosses et se balade dans sa routine navrante avec trois butors qui feraient passer un Istanien pour sympathique. De toute évidence, il se sait intouchable, et il sait qu'il va toucher gros d'ici peu. Une attaque frontale n'est pas envisageable. Trop de connections, trop de répercutions. Et surtout, la loge des aciers en arrière plan, et le Tsar sait combien de métropolites en sus.

Il récupéra un verre cabossé, qu'il positionna au centre la table.

- Ce godet, c'est Bilesky. Trop plein, ou trop vide, c'est selon le point de vue. Intouchable. Au cœur, le manuscrit, ce qui nous intéresse.

Il tira de sa vestes quelques pièces de métal, et en disposa trois autour.

- Ca, ce sont les trois gros bras. Si Cajka nous les présente comme des durs, je le crois sur parole. Pas d'affrontement, pas d'agression. Trop visible, et trop peu de gains.

Il fit tomber quelques piécettes plus petites, et les éparpilla autour des autres.

- Et revanche, ça, c'est ce qui nous intéresse. Tous les rouages qui s'activent autour de Bilesky, qui lui permettent d'aller et venir, de continuer à se pavanner dans une insolence absolue. Les aides, les laquets, les servants... Tous gravitent autour de lui, dans la légitimité la plus éclatante, et tous l'aident sans forcément qu'il le remarque. Qu'en est-il de la chambrière, qui s'en vient changer leurs draps ? Qu'en est-il du commis, qui apporte aux gardes une blanche pour terminer calmement la soirée ? De la cuisinière, qui s’affaire au repas de ces tristes sires ? Du serveur, qui leur assiste dans leur manège quotidien ?

Radvan eut un sourire éclatant à l'égard des présents, qui commençaient à comprendre où le Gestionnaire d'Exploitation voulait en venir.

- Oui, nous ne pouvons pas frapper directement, c'est vrai. Mais toutes les portes indirectes nous sont offertes. C'est au travers des invisibles que nous agirons. La plus grande faiblesse réside toujours là où on l'attend le moins, dans le banal pourtant indispensable qui semble aller de soi. Corrompre les serveurs pour droguer la nourriture ? Quelle belle idée. Faire chanter les bonnes pour une fouille de leur local ? Savoureux. Forcer l'un des sbires à se retourner contre la main qui le nourrit ? Les options sont nombreuses, très nombreuses.

L'homme de main de Boggnev se mit à jongler avec les pièces, qu'il lança en l'air, pour les rattraper prestemment d'un poing serré. Il le posa sur la table, et regarda intensément sa troupe.

- Mais pour ça, il nous faut des infos, et les bonnes. Voilà nos premiers repérages. Qui, quoi, comment, avec qui, quand, et pourquoi. Il me faut la liste des grouillots, de tous ceux qui gravitent de près ou de loin auprès du chien de Woodgrove & Fils. Idem pour les gardes. Antal, Ilia, Natália, ce sera votre boulot, selon l'ordre déjà expliqué. Je veux TOUT savoir, c'est la clef. Cajka, il me faudra la liste précise de ce que nous avons ici, et surtout de ce que nous pouvons nous procurer rapidement auprès de nos affiliés.

Radvan eut son habituel demi-sourire en coin.

- Puisque Vuk veut que nous dansions, ne le décevons pas. Messieurs, madame, le bal est ouvert. Des questions ?

Tous les collaborateurs présents opinaient du chef lorsque Radvan distribua les rôles. Chacun d'eux semblait déterminé à faire réussir cette mission, comme d'habitude.
Cajka, cependant, repris la parole "Oui, ch-chef. On f-fera b-bien sûr de n-notre mieux, m-m-mais pour qu-quand veux-tu ces inf-formations ? Je s-sais qu-que le grand chef v-veut le manuscrit le p-plus rapidement p-possible, avant qu-que quiconque de l-l-l'extérieur n-ne commence à s-s'en mêler. T-Tu veux pouvoir être p-p-prêt quand ?"

Radvan hocha la tête à la question de son subordonné. C’était une bonne remarque, même si le Gestionnaire avait estimé que cela allait de soi.

- Pas besoins d’être un pro de l’Antécryme pour comprendre que nous sommes pris entre deux feux, résuma-t-il. D’un côté, le siège, qui nous demande une action plus que rapide. De l’autre, le terrain, qui exige autant de préparation que possible. Un pas de travers, et nous sombrons dans l’abysse. On envie des plateformes minières, les ouvriers ont une position moins précaire que la nôtre !

Les guerres d’Acrymonies s’étaient peut-être déroulées ainsi, songea Radvan en un parallèle fumeux. Un objectif global flou, des manœuvres rapides à enchaîner, et rien pour savoir si l’action serait grandiose ou pathétique.

Il secoua la tête. Nous sommes le Lansk aux portes de Méthalume. Cette pensée lui arracha presque un rire.

Il jeta un œil à sa montre à gousset, et la rengaina dans sa poche de feutre noir.

- L’après-midi tire à sa fin. Nous ferons un briefing demain matin, et agirons après. D’ici là, débrouillez-vous pour en apprendre le plus possible. La nuit arrive, les gens sortent, l’alcool coule, les langues se délient. Vous avez vos consignes, je vous sais doués pour réussir. Chacun est en charge de son poste, alors pas d’impair.

Il fit un mouvement de nez à direction du bègue.

- Cajka, tu restes un temps avec moi pour l’inventaire de la planque. Ensuite, comme tu es en poste ici, tu as des contactes auprès des fournisseurs. Tu me rencarderas, si nous avons besoin de nous fournir en urgence quelque part.

L'équipe se mit en branle dès lors que Radvan eu répondu à toutes les questions et qu'ils furent tous satisfaits.

Une fois que les locaux s'étaient vidés, le bègue se mit à faire l'inventaire à son chef. "N-Nous devrions avoir d-de quoi survivre p-pendant bien d-d-deux semaines, ch-chef. M-M-Mais j.je suppose qu-qu'on va p-pas retrouver le m-manuscrit à coups d-de champignons s-séchés. S-Sinon, p-pour le c-côté plus p-p-pratique, n-nous avons 3 m-mousquets, 4 p-pistolets à r-rouet, une d-dizaine d'épées et f-fleurets en t-tout genre et p-plusieurs c-couteaux si v-vraiment on devait en av-voir besoin. On a aussi de qu-quoi s'habiller... D-Différemment. Des gu-guenilles d-de mendiant, d-des habits plus huppés d-de l'aristocratie, l'habit d-d'un m-métropolite qui s'est app-pproché d'un p-peu trop p-prêt et qu-quelques p-postiches et p-perruques ainsi qu-que du m-matériel de m-maquillage. J-Je dirais qu'on est p-pas trop mal équipés. V-Vous avez b-besoin d'autre ch-chose, chef ?"

Un pistolet dentelé en main, Radvan jaugeait l’objet d’un œil critique. Sous la lueur des lampes à pétroles, il pivota doucement le mécanisme, scrutant ses défauts. Sans succès. Le métal luisait doucement, uni, et refusait de montrer la moindre trace de corrosion.

Tout en écoutant son subordonné, le gestionnaire d’exploitation commença à démonter l’arme de poing d’un geste expert. Mâchoire à pyrite du chien, levier queue, platine à rouet... il disséqua le tout dans automatisme sobre, poli par l’expérience.

La chambre libérée, l’homme leva le canon devant ses yeux. Pas d'accroc dans le tube, les sillons étaient nets. Une légère odeur d’huile et de poudre sèche vint fouetter ses narines. Pas l’âcre fourbe de la rouille, ni l’amertume rance d’un oubli. Radvan laissa un léger sourire appréciateur fleurir sur son visage sec. C’était parfait. Le matériel était en excellent état de fonctionnement.

- Pas trop mal, le terme est juste, acquiesça Radvan tout en remontant l’outil. Je te félicite pour l’entretien de la planque, c’est en bon ordre.

Il reposa le pistolet à rouet dans son rangement métallique, et laissa son regard se promener sur le reste des rayonnages.

- Je ne dénoterait qu’un seul bémol, nuança-t-il cependant. C’est en bon ordre pour une de nos missions habituelles, c’est vrai. Mais pas pour ce cas exceptionnel. Si les armes et la poudre doivent parler, c’est que nous aurons échoué à rester discret.

Il ouvrit l’une des caisses de vêtement, et observa les habits du métropolite malchanceux.

- Celui-là, vous ne l’avez pas raté, ricana-t-il. Bien, ça pourra toujours servir. Il nous faudra nous grimer incognito avant d’agir.

Il se retourna vers Cajka, le regard soudain sérieux.

- Pour les deux semaines de nourriture, c’est largement suffisant. J’estime que nous agirons dans les deux jours. Si nous devons rester ici par la suite, ce sera pour planifier un transfert. Pas de quoi tenir un siège.

Un éclat plus acéré vint tinter son regard fixe.

- En revanche, tu n’as évoqué que des consommables classiques. Est-ce que nous disposons de produits de synthèse plus élaborés, ici ? Suivant les pistes que nous ramèneront les autres, nous pourrons être amenés à frapper vite. Alors, l’idée de droguer les molosses prendra tout son sens. Ou d’abrutir une servante, pourquoi pas, pour lui soutirer des infos. Sais-tu où nous procurer rapidement de telles substances, par ici ?

Cajka fit une moue un peu hésitante "J-Je s-sais où en t-trouver, mais j-je ne peux r-rien p-promettre. C-Comme d'hab-bitude, soit c-c'est rapide, s-soit c'est ch-cher. M-Mais je t-t'avoue qu-que là, vu le t-temps à notre d-disposition, ç-ça va être c-compliqué. J-Je peux ess-ssayer d-d-d'en trouver, m-mais je ne g-garanti rien. Enfin s-si, qu-que si j'en t-trouve, c-comme on n-n'aura pas le t-temps de n-négocier, on p-paiera plein p-pot..."

Radvan sourit devant la bonne volonté lucide de son agent, et l'encouragea d'un signe de tête.

- Je voudrais bien avoir le luxe de te dire de négocier, mais dans notre situation, le simple fait d'avoir accès aux produits est une gageur. Boggnev dispose de fonds pour ces cas d'urgence, ne t'inquiètes pas du prix. Et puis, si notre mission réussit et que le dixième de ce que Vuk nous a vendu est vrai, alors nous n'aurons plus à nous soucier d'or pour quelques temps.

Il fit un signe interrogatif du menton à Cajka.

- En combien de temps penses-tu pouvoir nous procurer ceci ? Tu as besoin de mon appui pour les tractations ?

Cajka sombra quelques instants dans des réflexions, semblant passer en revue les possibilités. Il revint vers Radvan au bout de quelques secondes "J-Je p-pense que j-je p-peux avoir ce qu-qu'il nous f-faut pour d-demain soir au p-plus tard, selon les s-stocks des f-fournisseurs et qui se charge de n-notre territoire en c-ce m-moment. V-Vu les enj-jeux, je p-préfère p-prendre de la b-bonne qualité. Je p-pourrais déjà dire qu-qui m'envoie, si t-ton nom ne s-suffit pas, je te d-demanderai de m-m'aider. Avec un p-peu de chance je p-peux déjà av-voir ce qu'il f-faut cette n-nuit mais je ne p-préfère p-pas trop p-parier là-dessus. P-Par contre, je suis désolé de la qu-question, mais est-ce que tu p-pourrais me d-donner qu-quelques liges ? Je v-veux bien que Boggnev ai c-ce qu'il faut, m-mais je ne peux p-pas en dire autant d-de moi, je n-n'aurai p-pas de qu-quoi avancer les frais nécessaires." finit-il d'un air un peu embarrassé.

Radvan hocha pensivement la tête aux annonces de son agent, évaluant les différentes possibilités. Il balaya ses craintes d’un geste.

- Pour l’argent, ne t’inquiète pas. La mission est classée Noire, nous avons les fonds. Peu importe l’investissement. La seule chose que veut notre konzern, c’est du résultat.

Radvan tira une bourse de cuir mat d’une de ses poches intérieures.

- Tiens, prends déjà cette bourse, c’est une partie des fonds alloués. S’il en manque, tu me préciseras ce qu’il te faut, et je te donnerai ça.

Le gestionnaire se remémora les relais du quartiers pour ses bourses de mission. S’il lui manquait des liquidités, il pourrait toujours aller s’y renflouer directement.

- Pour la bonne qualité, j’approuve. En revanche, la date est plus problématique. Fais de ton mieux pour avoir ça vite, le temps sera notre gageur. Demain matin au mieux, à midi au pire. Si les autres reviennent avec assez d’informations utiles, nous agirons sans tarder. Et oui, mon nom et celui de Boggnev te serviront d’appui.

Le bègue s'éloigna de Radvan en le remerciant pour la bourse bien remplie.
Radvan se retrouva désormais seul dans son nouveau quartier-général temporaire.

Désormais seul dans le bâtiment, Radvan s'assit de nouveau à la table d'acier, pensif. Est-ce que sa méthode était la bonne ? Est-ce que sa stratégie allait payer ? Est-ce que le temps allait jouer en sa faveur ? Pas trop brusque ? Pas trop lent ? Il y avait tellement d'inconnues dans l'équation imposée par Vuk. C'était une mission suicide dictée par l'urgence, Radvan détestait ça. Il s'était montré confiant devant son équipe, mais en réalité il redoutait beaucoup les zones d'ombre de la mission. Il y en avait trop. Il faudrait improviser. Une horreur, pour qui aimait planifier.

Sans y prêter attention, Radvan pianotait nerveusement des doigt sur la surface rouillée. Le tintement de l'acier se répercuta sur les murs, taillant net le silence sourd de l'espace vide. Cette musique avait un côté hypnotisant... et lugubre, à bien l'écouter.

Le gestionnaire d'exploitation se leva, résolu. Ca ne servait à rien d'hésiter maintenant. Les cartes étaient distribuées, la partie commencée. Il ne pouvait que jouer du mieux possible, et éviter la banqueroute. Il n'y avait plus qu'à espérer que les autres trouveraient de bonnes infos...

- Quelle guigne.

Par réflexe, Radvan alla vérifier les installations de la planque, portes et issues de secours comprises. Il faisait confiance à Catjka, mais la confiance n'empêchait pas le contrôle.

Une fois ceci terminé, il serait grand temps d'aller jeter un oeil par soi-même sur le terrain.